Francazal : l’Armée de l’air, c’est fini

La Dépêche du midi du 25/07/2008

Publié le 25/07/2008 08:26 – Modifié le 28/07/2008 à 18:21 | Recueilli par B. D.

Armée. Mort programmée de la base aérienne 101: dissolution à l’été 2009 et fermeture à l’été 2010. Le 1er RTP et ses 750 hommes restent sur le site.

Francazal : l'Armée de l'air, c'est fini

Francazal : l'Armée de l'air, c'est fini
DDM

Après avoir rencontré hier matin les élus des communes environnant la base de Francazal, le préfet Dominique Bur entouré de divers représentants de l’armée a présenté l’après-midi à la presse les mesures prises principalement en Haute-Garonne

1. Base de Francazal : Fermeture 2010

Après le départ des derniers éléments du Centre d’ instruction des équipages de transport pour Orléans le 15 juillet, la base, compte 988 personnes dont 240 d’unités extérieures qui ne seront plus rattachées aux effectifs au début septembre.

À l’été 2009, la base 101 sera dissoute et transformée en détachement air bénéficiant du soutien de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Les effectifs de l’armée de l’air seront alors de 450 personnes : 300 pour l’Escadron de soutien technique spécialisé et 150 pour le fonctionnement (cuisine, gardiennage…).

2. Explications :trop chère à aménager

A l’été 2010 la base sera fermée.

Selon le général de corps aérien Klein, la base de Francazal n’était pas équipée pour l’utilisation de l’A 400M. «Il aurait fallu refaire les hangars, les pistes. Ce n’était pas raisonnable. Il est logique de tout regrouper sur Orléans qui deviendra un centre tactique à vocation internationale. La fermeture de la BA 101 permettra d’économiser chaque année 3,3 M€ de fonctionnement et 0,6 M€ de travaux d’infrastructure.

3.Le 1er RTP maintenu

La fermeture de la base aérienne ne concerne pas la présence du 1er régiment du train parachutiste installé dans la partie nord du site. Il reste avec ses 750 hommes.

4. Quel avenir pour le site de la BA 101 ?

C’est pour l’instant le flou le plus complet. Le préfet tiendra une réunion fin août début septembre avec les élus des communes concernées et les représentants des collectivités départementales et régionales. Une enveloppe globale sera déléguée au préfet pour l’accompagnement des projets d’initiative locale créateurs d’activités et d’emplois. On ignore son montant, de même que l’affectation des terrains. Pour le préfet, « les caractéristiques économiques et démographiques de l’agglomération toulousaine limiteront l’impact de la restructuration »

5. Regroupement à Balma

Le transfert des activités et des personnels de la DGA de Roquemaurel (Toulouse) aura lieu en 2011 sur le site du CEAT de Balma. Ce regroupement est prévu pour 2011. Les effectifs de la nouvelle structure se monteront à 750 personnes.

Toujours à Balma, une partie des effectifs du 1er GLCAT de Brétigny sur Orge qui est dissout,est affectée au 4e GLCAT de Balma. 80 personnes concernées.

Un autre regroupement partiel est prévu mais à Muret où sera transféré un détachement de Tarbes du 3e régiment de matériel.


« La base, c’est une source de revenus »

Avec plus de mille salariés et leur famille, Francazal représentait un important potentiel de consommation pour les petits commerces. Sa fermeture entraînera donc logiquement un gros manque à gagner. Mais la situation est-elle aussi critique qu’il y paraît ? Les commerçants sont unanimes. Ils connaîtront une baisse d’activité dans les années à venir. Christian Coupé, restaurateur et président du Club de commerçants cugnalais, témoigne : « C’est sûr que Francazal constituait une source de revenus. La plupart des hommes de la base sont des clients. S’ils partent, notre chiffre d’affaires diminuera. Avec la baisse du pouvoir d’achat, la situation n’était déjà pas excellente ». Boulangers, bouchers, buralistes… Tous se sentent touchés par la fermeture de la base. Pourtant, aucun vent de panique ne souffle sur Cugnaux. Seule une question est sur toutes les lèvres : « Qu’est-ce qu’on aura à la place ? » Pour Alain et Renaud Oliveira, « il faudrait refaire vivre un peu la ville. Un grand espace va se libérer, pourquoi ne pas faire un complexe avec bowling, salle de concert… ». D’autres commerçants se sentent moins concernés. « Les élus sont assez intelligents pour ne pas nous laisser tomber », témoigne Jean-Marie Donadille, buraliste cugnalais. Côté immobilier, même son de cloche. Bien sûr, les agents prévoient une hausse des biens à la vente et une baisse des acquéreurs dues au départ des militaires. Le discours reste pourtant mesuré. « Il faudra s’adapter et surtout, ne pas dramatiser la situation : chaque crise contient potentiellement une source d’opportunités », explique Jean-Jacques Tevel, manager de Century21 à Cugnaux.


Philippe Guérin : « On marche sur la tête »

Averti à la première heure par le préfet en personne, hier matin, Philippe Guérin, le maire de Cugnaux, ne décolère pas : « Les compensations quelles qu’elles soient ne compenseront jamais la perte de 40 millions d’euros par an de retombées économiques, la baisse des effectifs dans les écoles, la fin de la participation des militaires à la vie associative et sportive. C’est une catastrophe économique pour Toulouse et sa région. Ce qui me désole, c’est que l’armée de l’air déserte la capitale européenne de l’aéronautique à l’heure où Toulouse construit l’A400M, l’avion de transport militaire, sachant que l’armée de l’air, qui collabore étroitement à cette construction, va partir en 2010. Et à côté, on aura des parachutistes sans avion. Tout ça, sans aucune concertation avec les élus! Le pire, c’est que le général Klein a demandé aux élus de l’aider à reclasser le personnel civil (100 personnes) dans les communes. On marche sur la tête. Je suis en contact avec Thierry Suaud, le maire de Portet qui est également concerné, mais aussi avec le maire de Villeneuve-Tolosane, les députés Lesmale et Iborra, les sénateurs Plancade et Auban, Pierre Cohen et Martin Malvy. On va se réunir rapidement pour déterminer l’action à mener. »


Réactions

Pierre Cohen, maire de Toulouse. « Je suis indigné. L’Etat a le devoir moral et politique de trouver des compensations à hauteur du préjudice subi par la population très attachée à cette institution. »

Pierre Izard, président du conseil général, et Bertrand Auban, sénateur. «Nous condamnons totalement. Le président de la République et son Premier ministre suppriment sans aucune concertation, sans aucun égard pour les répercussions locale. Supprimer la base aérienne de Francazal est incohérent dans une ville qui est capitale européenne de l’aéronautique où sera conçu le prochain avion militaire. La brutalité et l’incohérence de cette décision, accompagnée d’une absence totale de dialogue, illustrent une nouvelle fois, après les suppressions de tribunaux et de trésoreries l’abandon des collectivités territoriales et des populations par l’Etat. Nous sommes choqués. »

Jean-Jacques Mirassou, vice-président du conseil général. «L’agglomération toulousaine a été sanctionnée. C’est une décision politique de l’Etat. »

Jean-Pierre Plancade, sénateur, vice-président de la commission de la Défense et des armées. «J’ai demandé la création de deux missions parlementaires d’enquêtes. L’une pour contrôler l’évolution des personnels civils touchés par la réforme. L’autre pour contrôler le suivi des infrastructures et des équipements concernés».

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