Le Collectif Francazal s’est constitué en 2009 pour fédérer les riverains qui appelaient de leurs vœux une reconversion de la base de Francazal tournée vers l’avenir.
Il s’est donc naturellement opposé à la création d’une activité aéroportuaire sur l’ancien aérodrome militaire.
Le présent article propose d’abord une présentation critique du déroulement de la reconversion de la plateforme. Ensuite il expose les objectifs poursuivis par le Collectif Francazal depuis sa création.
Sommaire
- La fermeture de la base militaire de Francazal, décidée en 2008, ouvrait de nouveaux horizons pour le secteur sud-ouest de l’agglomération
- Hélas, les décideurs ont choisi de reconvertir Francazal en 2ème aéroport toulousain pour une durée d’au moins 45 ans
- Une décision contestable …
- … porteuse de désillusions
- Le rôle du Collectif Francazal
de l’agglomération toulousaine
La fermeture de la base militaire de Francazal, décidée en 2008, ouvrait de nouveaux horizons pour le secteur sud-ouest de l’agglomération
La base aérienne 101, plus connue sous le nom de Francazal, a été dissoute le 31 août 2010
La fermeture de cet aérodrome militaire s’inscrivait dans le plan de restructuration des armées, décidé par le gouvernement en juillet 2008.
Créée il y a 75 ans, la base aérienne était un pôle important du secteur Sud-Ouest de l’agglomération toulousaine.
Mais la croissance de l’agglomération toulousaine, au cours des dernières décennies, fut telle que la base était devenue une enclave dans le tissu urbain. L’aérodrome était la principale source de nuisances (sonores et atmosphériques) du secteur et constituait un obstacle entre Toulouse et les communes limitrophes.
Aussi, malgré les suppressions d’emplois provoquées par la fermeture de la base aérienne, il était permis d’envisager, dans le contexte d’expansion de la métropole toulousaine, un aménagement harmonieux de cette vaste zone de 290 hectares soudain disponible aux portes de Toulouse, après la disparition de ce que tout le monde s’accordait à considérer comme la principale nuisance du secteur.
Hélas, les décideurs ont choisi de reconvertir Francazal en 2ème aéroport toulousain pour une durée d’au moins 45 ans
Pendant deux années, un comité de pilotage, créé par le Préfet et composé des représentants des administrations de l’État, du monde économique et des Élus, à l’exclusion des représentants des riverains, s’est attaché à définir un projet de reconversion sur le « scénario aéronautique » suivant :
L’aéroport de Francazal conserverait le trafic résiduel des dernières années de la base militaire :
- quelques vols de Transall pour assurer le transport aérien de l’armée de terre,
- l’hélicoptère de la gendarmerie,
- les avions de Météo France.
Viendraient s’y ajouter :
- l’aviation d’affaires,
- le trafic lié à la maintenance d’aéronefs assurée par des entreprises susceptibles de s’installer à Francazal.
Le projet aboutit à une concession de 45 ans
Dès 2010, l’aérodrome militaire est transformé en aérodrome mixte (civil et militaire), ouvert à la circulation aérienne publique.
Après une phase d’expérimentation, couvrant la période de 2011 à juillet 2014, la pérennisation de l’aéroport est entérinée par l’attribution d’une concession de 45 ans à la Société d’Exploitation de Toulouse Francazal Aéroport (SETFA), dont les parts sont détenues par SNC Lavalin puis EDEIS (51%), la CCIT (10%) et Aéroport de Toulouse Blagnac (39%).
Un deuxième aéroport s’installe alors durablement au sein de l’agglomération toulousaine.
Une décision contestable
Fascinés par la perspective de faire de Francazal un aéroport d’affaires florissant, générateur d’emplois (3000 créations d’emplois escomptées, dont 1690 sur le site),
les décideurs ont minimisé les inconvénients liés au lancement d’une activité aéroportuaire dans un secteur fortement urbanisé, …
Les nuisances sonores ? Les riverains en ont l’habitude. Il n’y en aura pas davantage.
La pollution de l’air ? On a évité le sujet.
L’interdiction de créer de nouveaux aéroports (Grenelle de l’environnement) ? On ne crée pas, on prolonge une activité existante.
… ils ont escamoté l’étude des scénarios alternatifs …
L’étude confiée à l’Agence Devillers pour élaborer divers scénarios de reconversion n’a pas été publiée.
Présentait-elle une alternative crédible au maintien de la piste ?
… tout en feignant de soutenir un projet irréaliste de studios de cinéma
Les désillusions ne se sont pas fait attendre
Au départ, deux arguments principaux ont balayé les doutes des décideurs sur l’utilité de maintenir une activité aéroportuaire à Francazal :
- l’aéroport de Toulouse-Francazal permettrait de développer l’aviation d’affaires,
- l’aéroport de Toulouse-Francazal générerait 3000 emplois (dont 1690 sur le site).
Mais faire de Francazal l’aéroport d’affaires de Toulouse ne se décrète pas.
En effet, la plupart des vols d’affaires sur Toulouse se font en relation avec le pôle aéronautique qui se situe à proximité de Blagnac. Ces vols sont restés liés à la plateforme de Blagnac.
Quant au développement du trafic affaires, qui devait être une conséquence mécanique de l’existence d’un aéroport dédié à ce trafic, il est resté dans l’imagination de ses promoteurs.
Sur les créations d’emplois, il était clair dès le début que les prévisions étaient irréalistes et que les chiffres avancés ne seraient pas atteints.
Au moment de la pérennisation de l’aéroport, en 2014, il y avait environ 75 emplois sur le site, dont une majorité résultait de la délocalisation d’une entreprise de Nantes et Saint-Brieuc.
A la fin de la période d’expérimentation, il y avait environ 75 emplois sur l’aéroport.
Il restait 2 hangars disponibles qui pourraient être occupés par une entreprise de peinture d’avions et un fabricant de dirigeables…
Ces constatations – pas de trafic, pas ou peu d’entreprises – aurait dû logiquement conduire à renoncer au projet de création d’aéroport. Mais les décideurs, pressés par les lobbies qui soutenaient ce projet inutile et néfaste, n’ont pas voulu les prendre en considération.
Il était dès lors légitime de s’interroger sur ce que serait la véritable destination de l’aéroport.
Toutes sortes d’hypothèses étaient envisageables :
- A défaut d’être dédié à l’aviation d’affaires, Francazal deviendrait l’annexe poubelle de Toulouse-Blagnac.
- Les vols de nuits et la navigation aux instruments étant autorisés, l’allongement de la piste ne serait-il pas la prochaine étape permettant l’accueil des gros porteurs ? Ce qui permettrait effectivement de délester Blagnac de tout ce qui le gêne : fret, low cost, etc
- Le centre d’essais en vol (CEV) de la Direction Générale de l’Armement (DGA) devrait élire domicile à Francazal, promettant de nombreuses rotations de l’A400M.
- Etc
Le rôle du Collectif Francazal
Depuis le début, le Collectif affirme qu’il est inepte de créer un aéroport dans une zone fortement urbanisée.
Les communes concernées par l’actuel plan d’exposition au bruit représentent une population de 100 000 habitants, dont on peut estimer que le tiers sera fortement touché par les nuisances.
Dans un premier temps, le Collectif a posé toutes les questions que suggérait la voie de reconversion aéronautique :
- Quels serait le véritable usage de l’aéroport, après la phase de démarrage ?
- Quel impact aurait cet aéroport sur l’environnement, le social et l’économie ?
- Quelles solutions alternatives avaient-elles été proposées par le cabinet Devillers, et pourquoi n’avaient-elles pas été divulguées ?
et a recueilli 5000 signatures sur une pétition demandant la fermeture définitive de la piste.
Au moment où l’exploitation de l’aéroport a été confiée à la société SNC Lavalin, le Collectif a saisi le Tribunal administratif pour obtenir l’annulation de l’autorisation d’occupation temporaire accordée à cette société. Mais la requête a été rejetée.
Lorsque, au mois de juin 2011, un projet de studios de cinéma a vu le jour, le Collectif a recueilli près de 4500 signatures sur une nouvelle pétition demandant l’étude de ce projet et le gel du déploiement de l’aéroport pendant la durée de cette étude.
Mais d’emblée, la préfecture avait fait savoir que Francazal pourrait accueillir ce projet, à condition que cela ne remette pas en question le développement de l’aéroport.
Plus que jamais, le Collectif était convaincu qu’un deuxième aéroport était économiquement inutile et néfaste pour l’environnement, la sécurité et la santé publique. Mais rien ne devait ébranler les décideurs dont le choix était arrêté de longue date.
Le Collectif Francazal demanda que soit conduite une évaluation de la phase d’expérimentation. Mais cette demande ne fut pas enendue : il est clair que les décideurs n’ont pas voulu prendre le risque de confronter les résultats de l’expérimentation aux objectifs annoncés, ce qui aurait mis en lumière l’irrationalité de leur choix.
A partir de l’attribution de la concession, prenant effet le 1er juillet 2014, le Collectif Francazal, prenant acte de la pérennisation de l’aéroport tout en en contestant le bien-fondé, s’est donné l’objectif de défendre les riverains contre les nuisances générées par l’activité portuaire.
Le Collectif siège à la Commission consultative de l’environnement de Francazal pour les intérêts des riverains de l’aéroport et des habitants concernées pas le Plan d’exposition au bruit de celui-ci.
Il relaie les plaintes des riverains et des populations survolées et les affiche sur son site internet. Au besoin, il lance des pétitions et ne s’interdit aucune action pour protester contre les éventuels abus.
Grâce à sa vigilance et à ses actions, le Collectif a déjà obtenu des résultats importants pour la qualité de vie des riverains : interdiction des manœuvres militaires des armées étrangères, modération des essais moteur, etc.
Dans l’avenir, il fera barrage à tout projet aggravant les nuisances émises par la zone aéroportuaire.
Page refondue le 20/01/2018
Il faut rester calme. Une piste de 1800 mètres de long ne permet pas d’y envisager l’exploitation d’avions lourds ou de jet d’affaires de taille moyenne. Une activité minime donc, restreinte à des petits avions de tourisme, de petits jets et de petits avions de transport de fret/passager (pas plus de 30 tonnes – type ATR ou Dash8). Pour mémoire, ce type d’avion est catégorisé par l’OACI comme non bruyant.
@Olivier :
Les habitants du secteur de Francazal subissent des tentatives d’anesthésie à longueur d’année depuis que la base est fermée : il n’y aura pas de bruit, que des petits avions anodins, les gros ne peuvent pas s’y poser car la piste est trop courte.
En réalité, la piste peut facilement être allongée de 300 mètres, ce qui la porterait à 2100 mètres.
Un A320 a besoin de 2080 mètres…
Alors ?
La question est de savoir si un 2ème aéroport est nécessaire à TOULOUSE.
Si la réponse est OUI : il me semble que FRANCAZAL est le plus approprié.
Malgré tout il faut rester vigilant et se poser les bonnes questions ( bruit, accès routiers, emplois …. ).
Je n’ai bien sûr pas une connaissance précise du dossier et je reste à l’écoute.
Philippe ( habitant de Portet sur Garonne )
@Philippe,
Avant de répondre à cette éventuelle nécessité, d’abord répondre à la question de la viabilité économique.
Je prends exemple sur les discussions autour du tracé de la future ligne TGV Bordeaux/Toulouse. Les expropriations mais aussi les terrains proches non expropriés perdent toute leur valeur marchande. Les habitants et les propriétaires luttent, et je les plains bien.
Si pour la solution aéronautique de Francazal, des études intégraient les dépréciations financières des propriétaires riverains mais aussi celles des zones exposées au futur PEB, et que des compensations financières étaient conçues, imaginez-vous quel cercle vicieux serait engendré: pour rentabiliser les coûts => augmentation du nombre de vols => augmentation des nuisances => augmentation des compensations => augmentation des coûts….
Je pense qu’avec la solution aéronautique, les habitants seront toujours perdants. Demandez à ceux de Blagnac…
Cette étude d’évolution des prix de l’immobilier ne semble pas pour l’instant une préoccupation de la préfecture…et pour cause (voir le lien associé au commentaire renvoyant sur un message dans viadéo: Recherche internet sur les décotes des valeurs immobilières autour d’un aéroport).
Cordialement.
Bruno Druille (habitant Saint-Simon)
En cherchant des informations sur la piste de Francazal, je tombe sur votre collectif… Il existe un qualificatif pour les gens comme vous : des NIMBY. ‘not in my back yard’… Bien sur, il faut des équipements (train, routes, aéroports).. mais ‘pas dans votre jardin’, n’est ce pas ? La piste existait sans doute depuis bien avant votre installation dans les alentours… Comme a Nancy, où je réside, et ou les riverains se sont mis a protester contre une piste existant depuis 1910 ! Chers amis, l’aviation a besoin de terrains pour exister. L’entrainement ne peut pas se faire sur un aéroport très fréquenté, vous le comprendrez aisément… La nuisance des avions légers (seuls capables d’emprunter une piste de 1800 mètres) est dérisoire. Et est bien sur incomparable avec celle d’avions militaires et notamment de fighters ! La France pouvait s’enorgueillir d’avoir le maillage le plus dense de petits terrains en Europe. Grâce à des collectifs de votre genre, et à l’ineptie des élus, les terrains ferment les uns après les autres… et l’aviation légère se meurt chaque jour un peu plus… Quant à l’argument de la pollution de l’air, permettez-moi de rire… Un aéroport de cette taille ne génère certainement pas plus de pollution atmosphérique qu’une route départementale ! Halte aux fermetures de piste ! Apprenez simplement a vivre avec les autres !! (en poussant votre raisonnement absurde jusqu’au bout, on pourrait supprimer toute circulation automobile en France, c’est une véritable nuisance que subissent des millions de Français après tout !)
Ben mettez les dans votre jardin à vous puisque les nuisances sont si minimes. Il existe aussi un qualificatif pour les gens comme vous… HYPOCRITE. 🙂
Apprenez à vivre avec les autres et trouvez un hobby moins bruyant, moins polluant, moins dérangeant.
Cher pilote agacé,
J’adhère entièrement à vos propos !
Un autre pilote agacé 😉
Messieurs les pilotes agacés,
« L’entrainement ne peut pas se faire sur un aéroport très fréquenté, vous le comprendrez aisément… ».
Bien sûr, nous le comprenons.
Mais l’entraînement ne peut pas se faire non plus dans un aéroport enclavé dans une zone urbaine dense, vous le comprendrez aisément…
Lorsque l’urbanisation encercle les aéroports, qui avaient été créés à l’origine dans des lieux isolés, il faut en tirer les conséquences et trancher entre quelques pilotes agacés et des milliers de personnes survolées.
La fermeture de la base aérienne était une occasion de le faire dans de bonnes conditions. Les décideurs n’ont pas su la saisir. Dommage.
Chaque fermeture d’aéroport aiguise fortement l’appétit des promoteurs kmmobiliers. Conflit d’intérêt classique. Les riverains instrumentalisés ?
@Régis Chaigne :
Si vous avez suivi la démarche du collectif, vous aurez sans doute compris que celui-ci n’acceptera pas un abandon du site aux promoteurs.
Ce que nous voulons, c’est que le Grand Toulouse, l’Etat, le Département et la Région élaborent un projet novateur en concertation avec la population
croyez vous que dans ce contexte de défiance on va favoriser l’implantation d’entreprises ? Pourquoi voulez vous que des entrepreneurs souhaitent venir s’installer dans un environnement d’avance hostile.
Plutôt que de faire des réunions pour chercher les inconvénients, y compris ceux qui n’existent pas, faites des réunions pour trouver les meilleures conditions d’accueil pour les nouvelles entreprises, le tout au bénéfice de l’emploi et de l’avenir.
Stop au pessimisme