Historique de la reconversion
de Francazal

Sommaire

Des rumeurs de fermeture de la base courent depuis de nombreuses années

La base aérienne 101 est la plus ancienne base aérienne française. Créée en 1934, elle comptait plus de 2500 personnes dans les années 70 – 80 à l’époque de la conscription. Elle s’étend sur les communes de Cugnaux, Portet sur Garonne et Toulouse (voir carte). Outre l’armée de l’air elle accueille également le 1er RTP (régiment du train parachutiste) sur la partie toulousaine de la base.

Les rumeurs sur la fermeture de la base sont récurrentes depuis plus de 10 ans.

En 2007, le projet de fermeture se précise

Depuis bientôt 18 mois, nous savions que l’armée de l’air réduirait fortement sa présence sur la base de Francazal. Le général commandant la région militaire avait alors indiqué au maire de Cugnaux qu’il ne resterait que 200 aviateurs en 2009, mais la piste resterait ouverte pour les parachutistes. Parallèlement, l’armée de terre regrouperait sur la base un certain nombre d’unités. La base passerait sous responsabilité de l’armée de terre et deviendrait une BSVIA (base de soutien à vocation interarmées). Globalement les effectifs militaires (air + terre) ne diminueraient que de 2 à 300. Voilà où nous en étions en mars 2007, les études sur la modernisation de la défense étaient déjà largement avancées.

Coup de théâtre en juillet 2008 : la fermeture est décidée sans les contreparties annoncées

Le 25 juillet 2008 Hervé Morin, ministre de la défense a annoncé la fermeture de la base de Francazal à compter de 2009. Un détachement air sera mis en place pendant un an pour permettre de gérer la déflation d’effectifs.

Que s’est-il passé depuis pour que la base aérienne ferme définitivement, pour que l’armée de terre se regroupe sur Balma et sur Muret, pour que la BSVIA ne voie pas le jour ?

Nous n’en savons rien avec certitude, mais en dernière minute, Cugnaux a fait les frais des derniers arbitrages du ministère de la défense. Cugnaux est la seule commune de l’agglomération toulousaine qui paie, puisque le plan de modernisation de la défense prévoit pour la Haute Garonne une diminution des effectifs de 1074 sur Cugnaux et une augmentation sur Balma (+129), Toulouse (+193) et Muret (+81). (Données extraites du document sur les effectifs en Haute Garonne).

Au cours de l’été 2008, des élus font des propositions…

L’annonce de la fermeture de Francazal a provoqué un grand émoi dans l’agglomération toulousaine.

Les élus de Servir Cugnaux ont adressé le 10 août une lettre ouverte au maire de Cugnaux, au président de la Communauté d’agglomération du Grand Toulouse et à tous les élus concernés, dans laquelle ils suggèrent d’implanter le nouveau Parc des expositions sur l’espace abandonné par l’armée, afin de le revitaliser.

…qui ne sont pas entendues. Mais à l’automne 2008, les déclarations contradictoires se multiplient

Au cours du conseil municipal du 10 septembre 2008, le maire de Cugnaux fait adopter à l’unanimité une motion trop imprécise pour signifier la moindre exigence sur le devenir de la base.

Les déclarations contradictoires se multiplient :

  • le 17 octobre, le maire de Portet déclare à la Dépêche du midi qu’il serait bon de valoriser la piste,
  • le 20 octobre, lors d’une rencontre avec les syndicats des personnels civils de la Défense, le maire de Cugnaux évoque la possibilité de transférer l’aviation d’affaires de Blagnac sur Francazal, alors qu’il vient de déclarer à la Dépêche du midi qu’il n’acceptera aucune nuisance pour les riverains de Francazal,
  • le 21 octobre, le préfet annonce l’étude du délestage du fret de l’aéroport de Blagnac sur Francazal.

Seule chose certaine : une étude financée par l’État doit débuter à la fin de l’année.

Face à cette situation confuse, l’association Servir Cugnaux lance une pétition qui rejette les nuisances et revendique pour cette zone une reconversion vraiment favorable à Cugnaux et à ses habitants.

Fin 2008 : En réaction au succès rencontré par la pétition « Que faire de Francazal ? », le maire  de Cugnaux multiplie les déclarations rassurantes

Malgré la déclaration du maire de Cugnaux, affirmant à l’issue de la réunion du 17 octobre 2008 en préfecture, qu’il « refuserait tout projet nuisant aux riverains », la population a continué à signer massivement la pétition lancée au mois de septembre.

Dès lors, le maire de Cugnaux va préciser qu’il est opposé à la conversion de Francazal en aéroport« de fret, d’aviation d’affaires et de tourisme ».

C’est ainsi qu’on trouve dans le compte rendu de la réunion plénière du 26 novembre sur la consultation du PLU, la déclaration suivante :

Question : pouvez-vous vous engager à ce qu’il n’y ait plus d’aéroport à Francazal ?

Nous ne pouvons promettre à la place de l’État, qui pour l’instant est toujours propriétaire des terrains. Cependant, nous ne voulons pas de nuisances supplémentaires, donc pas d’aéroport de fret (d’ailleurs il existe un problème de longueur de piste) ni d’affaires, ni de tourisme. Le départ de la base, au regard de son ancienneté, est triste ; a contrario c’est aussi un atout pour l’agglomération que de compter environ 300 ha disponibles en 1ère couronne. L’idée serait de créer de la richesse, donc de l’activité, pour redistribuer, à l’échelle de l’agglomération, la répartition de la création de richesses.

Printemps 2009 : éclosion de nouvelles pistes

Le lancement de l’étude financée par l’Etat se concrétise – lentement – par l’approbation d’un cahier des charges en vue d’un appel à candidatures pour l’étude d’un projet de reconversion de Francazal.

L’appel de candidatures et le cahier des charges précisent que les postulants devront avoir des compétences en aménagement aéroportuaire.

Au conseil municipal du 23 mars 2009, le maire de Cugnaux justifie cette exigence par le fait qu’il fallait pouvoir faire l’étude la plus large possible et ne négliger aucune hypothèse, et il dit que, selon lui, l’installation d’un constructeur aéronautique serait une bonne chose pour Cugnaux.

Ceci est à rapprocher de nombreuses déclarations entendues depuis l’annonce de la fermeture de la base :

« On s’acheminerait en fait vers la création d’une zone d’activités à vocation aéronautique » (Le maire de Cugnaux, septembre 2008) « On dispose de ces infrastructures aéronautiques et notre stratégie est de voir s’il y a des possibilités à partir de ça » (Le maire de Cugnaux, septembre 2008) « Pour ce qui est du projet, il devra être porteur d’activités économiques, si possible dans la continuité aéronautique du Grand Toulouse » (Le Maire de Cugnaux) « Il serait bon de valoriser la piste » (Le maire de Portet-sur-Garonne, octobre 2008) « … Des entreprises du secteur aéronautique pourraient notamment s’y implanter… » (Le maire de Cugnaux, octobre 2008)

La situation, en ce début de printemps 2009, est préoccupante. On pourrait penser que la pétition exprimant la volonté de nombreux habitants de Cugnaux et des communes voisines, a été entendue, puisque le maire de Cugnaux a affirmé que Francazal n’accueillerait ni fret ni aviation d’affaires, mais la menace de nuisances intolérables sur ce secteur de l’agglomération est-elle écartée pour autant ? Le maire a-t-il pris en compte les nuisances sonores que ne manqueraient pas d’occasionner les essais d’avions en construction ou en maintenance ? N’est-il pas clair que cette seule activité ne suffirait pas à rentabiliser le maintien de la piste ?

Et voilà que fin mai, on apprend que la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a commandé une étude sur le transfert de l’aviation d’affaires de Blagnac vers Francazal.

Le pire est alors à craindre et il est urgent d’envisager toutes les initiatives utiles pour éviter d’être mis devant le fait accompli.

Eté 2009 : création du Collectif Francazal

Le collectif Francazal se met en place le 8 juillet, à l’initiative de quelques signataires de la pétition  de l’automne 2008. Les statuts sont adoptés. Ils expriment clairement une opposition aux nuisances que provoquerait le maintien d’une activité aéronautique, et par conséquent l’exigence de la cessation de l’usage aéronautique de la piste de Francazal. Ils indiquent aussi une opposition à toute implantation d’activités présentant des nuisances similaires.

Dès la mi juillet, une campagne d’adhésion est lancée, des contacts sont pris avec des associations susceptibles  d’être intéressées par le sujet, afin de rendre le collectif pleinement opérationnel à la rentrée de septembre.

Automne 2009, Hiver 2010 : Le Collectif Francazal fait campagne pour la fermeture de la piste

Le collectif multiplie les distributions de tracts, recouvre d’affiches les panneaux d’expression libre et organise le 28 novembre, une manifestation qui rassemble 300 personnes place du Capitole. Il rencontre les maires de Villeneuve-Tolosane, Tournefeuille et Cugnaux, le président du Grand-Toulouse, la députée de la 6ème circonscription. Il envoie une délégation au Comité de pilotage, lors de sa réunion du 17 décembre : celle-ci sera reçue mais ne sera pas admise à la séance du Comité.

A l’occasion de la campagne des régionales, le collectif interpelle les candidats. Seul le candidat d’Europe Écologie prend une position compatible avec celle du collectif. Pendant cette période, le Comité de pilotage se met en veille : les réunions sont reportées à plusieurs reprise. Il faudra attendre le printemps pour qu’il se réunisse à nouveau.

Le Collectif, qui compte 800 adhérents à la fin de l’année 2009, a multiplié les actions pour faire valoir le point de vue de la majorité des habitants du secteur sud-ouest de Toulouse :

Printemps 2010 : la décision redoutée est annoncée … pour la fin de l’année

Les « régionales » passées, le comité de pilotage sort de sa léthargie pour prendre une vraie-fausse décision, le 20 avril, malgré les injonctions du collectif :

vraie décision, car on a choisi la solution aéronautique, la piste sera maintenue pour accueillir l’aviation d’affaires en sus du trafic résiduel (vols pour l’armée de terre, hélicoptères de la gendarmerie, avions de la météo),

fausse décision, parce que les maires membres du comité de pilotage ont  « refusé » de cautionner un choix qu’ils savent mauvais et de surcroit impopulaire, sans toutefois s’y opposer. Alors on dit qu’il faut, avant de prendre formellement la décision, approfondir les aspects juridiques, économiques et financiers,…. et, de plus, cette décision ne serait pas définitive car on  expérimenterait la solution pendant une période de deux ans,

fausse décision, surtout parce qu’elle ne dévoile pas la totalité du projet (extension de la piste pour accueillir d’autres trafics).

Eté 2010 : bilan de la première année du Collectif

Au bout d’un an d’existence, le collectif,  qui compte plus de 1000 membres et a recueilli 3500 signatures sur une pétition lancée en février 2010, apparait comme le représentant incontournable d’une grande majorité des habitants du secteur de Francazal.

Pour autant, il n’a pas pour l’instant réussi à empêcher le lobby aéronautique d’imposer sa solution.

Mais sa détermination reste intacte.

Il pense que la raison finira bien par l’emporter. Déjà trois commune ont adopté, en conseil municipal, une position défavorable au maintien en activité de la piste de Francazal.

Il est en effet impensable de créer une activité aéroportuaire dans une zone fortement urbanisée, à 8 km du centre de Toulouse. Ce projet serait en contradiction avec la loi Grenelle I (article 12-II) : « La création de nouveaux aéroports sera limitée aux cas de déplacement de trafic pour des raisons environnementales. »

Automne 2010 : le lancement du 2ème aéroport

Inexorablement, la décision du comité de pilotage du 20 avril est mise en application. Un appel est lancé le 14 septembre pour trouver un gestionnaire qui exploitera l’aérodrome pendant la période transitoire d’un ou deux ans, dans l’attente de la définition du projet d’aménagement et de développement de la plate-forme.

Le gestionnaire pourra d’ores et déjà faire appel à des subventions pour équilibrer son budget. Dès lors, non content de supporter les nuisances d’un nouvel aéroport, les contribuables du secteur paieront des impôts supplémentaires.

Le Collectif organise une manifestation de protestation le 25 septembre. Elle rassemble plus de 500 personnes et reçoit le soutien des Verts et de nombreux élus des communes concernées par la reconversion de Francazal.

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