Manifestation. Le Collectif réclame la fermeture de la piste et refuse le projet d’aéroport d’affaires qui est à l’étude sur le site militaire.
Sur la place du Capitole, où le marché de Noël occupe tout l’espace, deux cents personnes (environ) manifestent leur confiance, en se serrant contre la façade de l’Hôtel de Ville. « Pour un premier rassemblement du collectif Francazal, on est plutôt nombreux », constate en souriant Florence, une enseignante de Cugnaux. La prof de maths est venue avec ses deux filles et son mari, Philippe, qui, lui, est ingénieur. La famille habite depuis onze ans à 500 mètres de la piste, et elle a longtemps vécu « en harmonie avec les paras, et les transalls à hélices qui faisaient un bruit sourd, mais c’est moins gênant que des avions à réaction », remarque le couple.
La maison de Florence et Philippe est parallèle à la piste, et l’école des petites est située à 400 m de l’ancien site militaire.
Olivier, ingénieur en informatique, vit, lui, à 2 km de la piste et dans l’axe des avions, à Plaisance du Touch. « C’est la pire situation en matière de nuisances », explique ce dernier en ajoutant : « alors, quand j’entends qu’un avion décollera toutes les neuf minutes, je ne regrette pas de me mobiliser ».
«non aux nuisances sonores »
D’autres, autour de lui, sont venus de Villeneuve, Saint-Simon, Frouzins, Portet-sur-Garonne et Tournefeuille. Certains arborent des affiches qui contiennent les mêmes messages : « non aux nuisances sonores », « non à l’aviation civile », ou « fermons la piste ». Et au sommet des pancartes, ils ont accroché des maquettes d’avion, symbolisant les compagnies Low cost. Sans avoir besoin de porte-voix, le président du Collectif Francazal se félicite de la mobilisation et Bernard Gineste annonce : « on dépasse les cinq cents adhérents ». Ce dernier donne aussi des précisions chiffrées quant au projet d’aéroport d’affaires. « 16 mille rotations, c’est énorme, ce n’est pas un projet minimaliste contrairement à ce qu’on nous dit. Et l’aménagement de la piste augure d’un développement encore plus ambitieux », déclare-t-il avant l’entrevue avec Pierre Cohen, président de la Communauté urbaine du Grand Toulouse. Celui-ci le répète : « Je ne vois pas un deuxième aéroport dans la ville ». Le Collectif veut y croire.
A.B
Focus
Un Collectif politique ?
Le Collectif de Francazal est né au mois de juillet 2009 à l’initiative de quelques citoyens de Cugnaux « qui se sont aperçus qu’il y a un projet de faisabilité d’aéroport d’affaires et que la piste de Francazal ne serait donc pas fermée », explique officiellement Bernard Gineste, son président, se défendant d’en faire « une affaire de riverains » de proximité. Parti de Cugnaux, ce Collectif rassemble surtout au départ des opposants à Philippe Guérin lors des dernières élections municipales. Dans le bureau, deux anciens colistiers de la liste « Servir Cugnaux ». Alors, difficile de ne pas y voir une opposition surtout d’humeur politique. À voir aussi le site internet de « collectif-francazal.org » qui se rapporte directement à un autre site, celui de « servir-cugnaux.com » qui avait également initié une pétition contre le maintien de la base militaire en octobre 2008… V. S.
Deux scenarii à l’étude
Le ministre de la défense a décidé la fermeture de la base de Francazal en août 2010. Pour réfléchir au devenir possible de ce foncier, l’État a commandité une étude à un comité de pilotage. Deux scenarii se dessinent, l’un de conservation de la piste, l’autre de suppression. Le 1er scénario doit faire le point sur les activités aéronautiques civiles et militaires mais aussi économiques susceptibles de se développer mais encore sur l’impact d’une suppression de la piste sur l’activité de l’aéroport de Toulouse-Blagnac voire sur le développement futur du constructeur Airbus.
Le 2e scénario doit exposer les possibles utilisations du foncier rendu tant en terme d’habitat que de développement tertiaire et industriel. Quoi qu’il en soit, à l’issue de ces travaux, l’État, propriétaire du foncier, responsable de la fermeture de la base aérienne, actionnaire majoritaire de la société aéroportuaire, mais aussi acteur de la politique du logement et garant d’un développement solidaire et durable du territoire, devra préciser sa politique qui ne saurait se réduire à une simple question financière. Après communication de ces études et des premières conclusions de l’État, la communauté urbaine comme les villes directement concernées (Toulouse, Cugnaux et Portet-sur Garonne) auront à se prononcer en prenant en compte l’ensemble des questions stratégiques de ce dossier : développement économique de l’agglomération à long terme, évolution du trafic aéronautique au regard de l’arrivée du TGV, équilibre habitat emploi, besoins attendus de logement dans le pôle urbain toulousain. « C’est au regard de ces enjeux et des conséquences du choix pour l’ensemble des citoyens de la communauté urbaine que celle-ci, par la voie de son président, fera connaître sa position, sans doute au premier semestre 2010 », indique Claude Raynal, président délégué du Grand Toulouse qui suit ce projet.
L’avis des élus responsables du projet
Philippe Guérin, maire de Cugnaux : «Concernant ce collectif, le débat est mené par l’opposition municipale et regroupe des propriétaires fonciers sous l’emprise du PEB (plan d’exposition au bruit). L’intérêt général est loin dans ce collectif qui fait monter la pression. Comme en évoquant le trafic des compagnies Low cost, ce qui est impossible, ou le fret, ce qui n’a pas de sens. Par contre, il est tout à fait possible de mixer une activité de maintenance aéronautique avec une activité de développement économique qui est créateur d’emplois, de richesse et de fiscalité. Et de le mixer avec de l’hôtellerie et de l’habitat.
Thierry Suaud, maire de Portet-sur-Garonne : « Que ce soit un projet lié à un aéroport d’affaires, à de l’urbanisation, ce que je privilégie c’est l’ environnement. Dans les airs ou au sol, je veux savoir l’impact environnemental de ce choix et je souhaite connaître les conséquences économiques, sociales et fiscales de telle ou telle décision. Nous irons jusqu’au bout de la réflexion. Le moment venu, je réunirai tous les Portésiens en assemblée générale avant la prise de décision en conseil municipal.
Pierre Cohen, président de Grand Toulouse : A ce jour on n’a pas de position claire de l’État. Avec soit la possibilité de vendre tout le foncier pour en faire du résidentiel, soit tout geler pour préserver l’activité d’aéroport d’affaires avec une notion de congrès dynamique autour de la piste qui existe. Sur le fond, on est opposé à toute idée d’un 2e aéroport commercial. Il faudrait aussi que la défense nationale prenne ses responsabilités. Ils ont décidé de tout fermer et après ils demandent des vols sur Blagnac. S’il y a un projet urbain, il sera suivi au niveau du Grand Toulouse. »
En réponse aux allégations infondées rapportées dans cet article, le Collectif a demandé à la Dépêche de publier le communiqué suivant :
Le Collectif Francazal se situe en dehors du champ politique.
Le Collectif Francazal a pour seul objectif de faire échec au projet de reconversion de Francazal en aéroport civil.
C’est une association apolitique qui rassemble des adhérents de tout le secteur sud-ouest de l’agglomération toulousaine, autour de cet objectif qu’elle estime conforme à l’intérêt général.
Le Collectif n’a aucun dessein politique et, depuis sa création, il n’a fait aucune intervention dans les affaires publiques, en dehors des questions relatives à l’avenir de Francazal.
L’assemblée constitutive du Collectif s’est d’ailleurs engagée à être neutre par rapport aux mouvances politiques locales.
Habitante de St Simon ,et trés interrogative sur le projet d’aviation civile pour Francazal, j’adhère au Collectif Francazal, non dans un esprit d’opposition à Mr le maire de Cugaux mais parceque je me sens directement concernée. Je reste à l’heure actuelle à l’écoute et circonspecte , mais en tout cas heurtée par les allégations de Mr Guérin qui fait fi là du minimum de respect de la citoyenneté .