Cugnaux. Aérodrome Francazal : « Des avions d’affaires, pas des charters »
La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a officiellement remis les clés de Francazal au nouveau concessionnaire du site, le groupe canadien Lavalin, lundi. Youssef Sabeh, président de la division Aéroports, et Bertrand Bilger, gérant de l’aéroport et directeur de celui de Tarbes, répondent à nos questions.
L’arrivée d’un grand groupe comme le votre inquiète certains élus et riverains. Que leur répondez-vous?
Youssef Sabeh : On gère dix aéroports. Nos clients sont des collectivités ou des états. Notre première délégation de service public en la matière remonte à 1990 (Paris Vatry , consacré au fret), nous exploitons l’aéroport de La Valette à Malte depuis 2002 avec une concession jusqu’en 2067! C’est dire notre expérience et notre savoir-faire dans ce domaine. Localement, nous sommes présents avec notre bureau d’études toulousain depuis 25 ans, avec 60 employés sur place, et avec l’aéroport de Tarbes.
Quelle avenir pour Francazal?
Y.S. : Ce site a un potentiel fabuleux vue sa position géographique proche de Toulouse et le tissu aéronautique toulousain. Et avec ses terrains, ses installations, ses hangars, sa piste.
Bertrand Bilger : un aéoroport comme ça peut toucher divers segments d’activités aéronautiques et industrielles.
Y. S. : Nous travaillons avec la préfecture , la chambre de commerce, les industriels. Une quinzaine de projets sont en cours d’évaluation pour investir les hangars existants. La décision sera prise d’ici la fin janvier, d’autant que certaines demandes sont urgentes.
Les riverains craignent l’arrivée de charters?
Y.S. : La longueur de la piste (1800 m) ne permet pas d’accueillir de charters. Le projet est bien défini par l’État et l’interdit.
Quels aménagements allez-vous réaliser sur le site?
Y. S. : Nous allons transformer le PC de commandement en aérogare d’affaires d’ici quelques semaines. C’est commencé. Il y aura un bureau de piste pour les équipages, un accueil pour les voyageurs et des salles de réunion. Par ailleurs, l’État s’est engagé à investir 2 M€ dans le cadre de la reconversion (remise à niveau).
Votre présence à Francazal est-elle liée au fait que l’État va se désengager de Blagnac, comme d’autres aéroports?
Y. S.: Nous sommes candidats sur plusieurs aéroports dans le monde. En 2010, nous avons commencé la gestion de Rouen et Tours, et remporté Francazal et Mayotte. Nous commes candidats cette année à Carcassonne, Perpignan, Caen, Metz-Nancy, Bamako ou Kinshasa. Nous sommes attentifs à la situation des aéroports français. L’État n’a pas encore pris de décision. Mais s’il vendait ses parts, pourquoi ne pas candidater sur Lyon, Bordeaux, Nice ou Toulouse? De là à lier cela avec notre venue à Francazal…
Le maire de Blagnac parle de privatisation ?
L’état ou les collectivités restent propriétaires. Ce sont des concessions limitées. Rien à voir avec la Grande-Bretagne où les aéroports sont vendus totalement au privé. En France il s’agit d’un dosage entre public et privé.
Le chiffre : 1 800
mètres > Longeur de la piste à Francazal. Elle interdit l’accueil de gros avions commerciaux de type charter, d’ailleurs interdit par le cahier des charges de la concession, selon Youssef Sabeh, président de Lavalin aéroports.
Les travaux ont commencé
Les travaux de remise en état et d’aménagement du site de l’ancien aérodrome militaire, théâtre aussi des exploits de Mermoz et de l’Aéropostale, ont déjà commencé, depuis le 3 janvier 2011, date de mise à disposition officielle du site à SNC Lavalin Europe. Les infrastructures consacrées directement à l’aviation d’affaires devraient accueillir à terme huit personnes en exploitation, selon Bertrand Bilger, directeur du site. L’accueil des activités de la gendarmerie (hélicoptères), du Safire (météo) et de ses trois appareils (un Falcon, un ATR42 et un Piper) ainsi que du 1er RTP (parachutistes) sera assuré.
Interrogé sur l’absence de transport en commun et sur les risques de problèmes de circulation si l’activité aéronautique ou industrielle autour de la piste se développe, Youssef Sabeh, président de la division Aéroports de Lavalin reste serein : « Les transports en commun suivront l’activité éventuelle »