Envol
Approfondir le scénario aéronautique. C’est ce que le préfet Bur a proposé au septième comité de pilotage pour l’avenir de Francazal qui se tenait hier matin à la préfecture. Dans ce « dossier complexe », selon Dominique Bur, l’État avance ses pions avec prudence. Deux ans après que l’armée a décidé de tourner la page de Francazal, l’État a décidé d’ouvrir, au moins de manière transitoire, un nouveau chapitre aéronautique à l’histoire de ce site lié à l’aviation. En conservant la piste et en mettant entre parenthèses un projet urbain aux contours assez flous (on parlait d’une « ville » de 35 000 habitants).
« La période de réflexion a été trop brève », reconnaît le préfet, « Toulouse est la ville de l’aéronautique, il est dommage de ne pas maintenir un outil de développement économique et de valorisation de la région. Nous voulons nous donner encore un peu de temps, autour d’une plate-forme civile dédiée à l’aviation d’affaires, avec des activités liées. Ce n’est pas un choix définitif, la période transitoire (un à deux ans) permettra d’évaluer la viabilité, de trouver un opérateur provisoire après appel à candidatures et d’établir un cahier des charges. Et d’éviter de créer une friche ».
La vieille piste militaire, qui abrita aussi les exploits des pionniers de l’Aéropostale et l’aventure Latécoère, devrait donc accueillir, les jets privés atterrissant jusqu’ici à la vieille aérogare de Blagnac. Au souvenir des Mermoz et Saint-Exupéry et aux lourds Transall de la base aérienne 101, succéderaient, à l’horizon 2011, les ailes des Falcon et autres avions d’affaires, plus légers, modernes et moins bruyants. Les élus ont pris acte mais ont bien insisté sur les garanties environnementales et de qualité de vie qu’ils souhaitaient voir entourer ce projet.
Deux à trois mille emplois à terme projet
Qu’est-ce qui va se passer désormais à Francazal ? On en sait un peu plus depuis hier. D’abord, l’armée, qui devait libérer la majeure partie des lieux en juillet va garder la maîtrise de l’espace jusqu’à la fin de l’année afin d’assurer la transition et d’éviter que ne se constitue une friche industrielle. Ensuite commencera la période transitoire avec une piste qui deviendra le cœur d’un aérodrome désormais civil et consacré uniquement à l’aviation d’affaires et au soutien industriel. « Des sociétés de peinture, d’entretien, de maintenance, en majeure partie venant de l’extérieur de la région, nous ont déclaré être intéressées », explique Georges Desclaux, directeur de la Direction générale de l’aviation civile-sud, qui évoque la nécessité d’une petite aérogare d’affaires. « Deux à trois mille emplois pourraient être créés à terme. Mais pas question de faire venir du fret commercial : « La piste actuelle est trop courte, 1 800 m, et la logistique du fret est à Blagnac, un non sens économique », assure Georges Desclaux. Et encore moins du low cost, selon Philippe Guérin, le maire de Cugnaux, « pas possible avec la piste et concurrentiel de Blagnac ». Quant à l’allongement : « Il n’y a aucune étude en cours, il n’en est pas question », assurent les représentants de l’État, « on reste dans le périmètre actuel et on s’intègre, bien en dessous, dans le plan d ‘exposition au bruit qui s’applique aujourd’hui ».
Sur les quelque 290 hectares du secteur de Francazal, le ministère de la Défense va garder la partie nord (60 ha) pour le 1er RP (les parachutistes), les deux hélicoptères de la gendarmerie et les trois avions de Météo-France. 45 ha seront destinés à être commercialisés pour accueillir les nouvelles activités attendues, liées à l’aviation d’affaires, explique Jacques Brucher, directeur de la Mission de réalisation des actifs immobiliers (ministère de la Défense).
Au bout de la période transitoire (2 ans), un bilan sera dressé de la viabilité et un appel à opérateur lancé, avec cahier des charges plus précis. L’État se laisse la possibilité de revenir sur ce scénario aéronautique s’il n’est pas viable.
Le chiffre : 15 000
15 000 mouvements/jour > Maximum. C’est l’activité envisagée avec l’aviation d’affaires, soit beaucoup moins que les 22 500 autorisés actuellement et les 30 000 des années 2000
Les interrogations des élus du Grand Toulouse
La communauté urbaine du Grand Toulouse réagit aussi avec prudence à l’orientation donnée hier par l’État au projet Francazal, en rappelant : « Le 24 juillet 2008, le Premier ministre annonçait la fermeture définitive de la base aérienne de Francazal. Depuis cette date, l’État, propriétaire d’un foncier de 290 ha qu’il cherche à valoriser, explore les différentes voies possibles qui vont de la conservation de la piste à la définition d’un projet urbain alternatif
[…] . Le Préfet de Région vient de nous faire savoir que l’État privilégiait le scénario de conservation de la piste et souhaitait poursuivre la réflexion en ce sens, sans pour autant, à ce stade, éliminer la version urbaine. La Communauté Urbaine du Grand Toulouse prend acte de cette orientation générale. La période transitoire proposée permet de maintenir les quelques mouvements aériens actuels de l’armée, de la gendarmerie et de la météorologie et parallèlement d’éviter la création d’une friche industrielle dont le contrôle aurait été particulièrement difficile à assurer. La Communauté Urbaine du Grand Toulouse s’interroge cependant sur la possibilité d’exploiter de façon rentable la piste de Francazal à des fins civiles dans des conditions compatibles avec son environnement urbain, c’est-à-dire notamment dans le cadre du plan d’exposition au bruit existant et d’une interdiction des vols de nuit ».