Curieuse rencontre-débat en effet.
Rencontre ?
Mais qui espérait-on rencontrer en annonçant une réunion cinq jours à l’avance, au moyen d’une publicité indigente (un petit entrefilet dans le quotidien régional et quelques rares affiches) ? Heureusement que le Collectif Francazal, averti par les organisateurs, a accepté d’inviter ses adhérents et sympathisants, car, sans cela, les maires du canton se seraient adressés à une salle vide.
Débat ?
La réunion a commencé par un long exposé documenté des organisateurs, illustré par un diaporama. On en retiendra que, selon l’orateur, l’État a décidé d’approfondir la « solution » aéronautique, que les Élus ne s’y opposent pas et attendent qu’on leur montre l’intérêt stratégique de ce choix.
Le Collectif Francazal, invité à répondre, a rappelé son opposition à l’installation irréversible d’un deuxième aéroport au sein de l’agglomération, réfuté un certain nombre d’arguments fallacieux et déploré qu’aucune solution alternative crédible n’ait fait l’objet d’études sérieuses.
Les organisateurs ont répliqué aux propos du Collectif mais ne lui ont pas redonné la parole.
Le public a enfin été invité à poser des questions – pour la plupart hostiles au projet retenu – auxquelles la tribune a donné des réponses.
Une réunion qui ne mérite pas le label « concertation » :
Elle arrive trop tard dans le processus de reconversion,
alors que la décision est prise à 99%.
C’est en amont de la décision que la concertation peut s’opérer. Nous la réclamons depuis un an. Nous n’avons obtenu ni de participer au comité de pilotage, même en tant qu’observateurs, ni d’être destinataires des rapports d’études !
Elle ne s’est pas donné les moyens de rassembler la population.
Seul le Collectif Francazal a su prévenir ses sympathisants. Mais l’objectif de cette réunion n’était-il pas seulement de rassurer ceux qui s’inquiètent – à tort évidemment – de l’installation d’un aéroport et son cortège de nuisances dans l’espoir hypothétique d’un développement de l’aviation d’affaires ?
Elle n’a pas donné lieu à un dialogue mais une tentative d’anesthésie.
Le Collectif qui représente l’opinion d’une grande partie de la population n’a pas été invité à la tribune. Le sujet méritait pourtant qu’on organise une table ronde. On aurait aimé y voir les représentants de l’État et les promoteurs de la solution qui triomphe « provisoirement ».
Le diaporama projeté, qui laissait entrevoir des données qu’il serait intéressant d’analyser finement, est reparti sous le bras de l’orateur : il ne nous sera pas communiqué – ce sont des planches prêtées par les services de l’État, non divulguables.
Alors, on ne se moque peut-être pas de nous, mais la transparence n’est toujours pas au rendez-vous.
Dans ces conditions, Le Collectif Francazal ne peut que se féliciter d’avoir saisi la Commission nationale du débat public pour l’inviter à se pencher sur le traitement de la reconversion de Francazal par le comité de pilotage.
Bonjour
Toute l’approche du lobby aéronautique est basé sur l’hypothèse d’une augmentation très importante du trafic aérien. Déjà, il y a des années, des contre-études ont montré l’inanité de cette hypothèse. Les partisans du maintien de Francazal concèdent eux-mêmes qu’aujourd’hui l’aviation d’affaire ne représente que 2000 mouvements par an. Or un article de la Dépêche du 15/06/2010 donne un chiffre très officiel de baisse du trafic aérien largement supérieur à 20 % :
Le chiffre : -20 %
baisse du trafic > Lignes aériennes. à l’ouverture du TGV Sud-Est, le trafic aérien entre Paris et Marseille a chuté de 20 %. A Toulouse, très dépendante de l’avion, la baisse devrait être plus sensible.
Extrait de « TGV : une locomotive pour la Région »
On nage donc en pleine absurdité.
Ceux qui prennent l’avion régulièrement s’aperçoivent que la gestion de Blagnac est délirante, que c’est le seul aéroport de France où on met en service un nouveau terminal rutilant alors qu’en même temps, quels que soient l’heure et le jour, on a une queue pas possible au contrôle d’accès, y compris les jours ordinaires où il n’y a ni grève ni augmentation particulière du traffic, le volume de passagers étant donc connu depuis des semaines à l’avance.
On comprend que tout cela n’a qu’une seule signification : la région Midi-Pyrénées est une région politico-économique très particulière dans laquelle la prépondérance écrasante d’une seule tendance politique et d’une seule industrie au niveau économique conduit à une toute-puissance de quelques groupes qui peuvent se permettre n’importe quoi, dont des décisions comme celle qui consiste à annoncer qu’on a commandé une étude sur une option alternative au maintien de la piste, mais qu’on l’abandonne sans en présenter les résultats ni même cacher qu’il n’y a en fait rien à présenter.
Dans quelle autre région de France, un maire pourrait-il se permettre d’afficher sa préférence pour la solution aéronautique, contre le souhait de l’immense majorité de ses administrés, sans se prendre une claque aux élections suivantes ?