La bataille du ciel aura-t-elle lieu en Ariège?
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L’Association pour le Nouvel Aéroport Toulouse Ariège Pyrénées – ANATAP- a tenu mercredi soir son Assemblée Générale dans les locaux de l’IFCAP, à Saint-Paul de Jarrat.
Constituée dès avril 2005 à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie Territoriale de l’Ariège, l’ANATAP qui compte aujourd’hui 328 membres issus des milieux économiques pour l’essentiel (mais des politiques en sont également partie prenante comme les représentants andorrans) milite en faveur de la candidature du site de Mazères.
Depuis 2005, le temps a passé et hormis une récente missive du Ministre des transports, largement commentée l’autre soir, on ne peut pas réellement dire que le dossier a évolué ni dans un sens ni dans un autre.
Le ministre fait même état d’une suspension du projet, conditionné par deux éléments majeurs: d’une part les hypothèses de saturation de l’aéroport actuel, celui de Blagnac; d’autre part la capacité des acteurs locaux, en tout premier lieu les collectivités territoriales à s’entendre puis à s’organiser en particulier pour effectuer les réserves foncières nécessaires.
Courrier qui ne remet nullement en cause pour autant la pertinence du site proposé à savoir celui de Mazères.
Autour d’Henri Martre (ancien PDG de l’aérospatiale) et actuel président de l’ANATAP et de Claude Terrazzoni (président d’honneur de la CCI de Toulouse) et actuel président de l’association des aéroports de France, chacun s’est donc borné à faire état de l’avancement du projet, manifestement dans l’impasse aujourd’hui.
La crise est passée par là, l’état à bien d’autres chats à fouetter à l’heure actuelle que de prendre à bras le corps un projet pour lequel localement on est encore loin du consensus, ne serait-ce qu’au niveau régional.
D’autant que chacun s’accorde à dire qu’à la veille d’élections importantes la situation n’évoluera certainement pas d’ici à fin 2012-2013.
Alors affaire classée? Projet suivant! L’avenir le dira.
Cependant, s’agissant ici d’une infrastructure majeure, qui ne sortira pas de terre en un jour et qui de plus devra probablement fonctionner en doublon avec l’actuel aéroport au moins dans les premiers temps avant le passage de relai définitif, le souci majeur, lui aussi, est que demain doit se construire dès aujourd’hui, sous peine, pour nombre d’acteurs présents, de regarder passer le train «une fois de plus» et de laisser l’Ariège aux portes du monde de demain, tel qu’il s’esquisse déjà aujourd’hui.
Et aujourd’hui justement, l’aéroport de Toulouse, malgré le ralentissement mondial directement lié à la crise économique, dépasse les prévisions les plus pessimistes avec 7 millions de passagers annuels.
L’arrivée des pays émergents, Chine et Inde, en particulier dans le concert des grandes nations économiques, conjuguée à une mobilité effrénée sous toutes ses formes, impacte directement une croissance de près de 9 % par an du trafic aérien.
Pour chaque aéroport, la bataille du ciel est déjà lancée. Ce sera à qui proposera le plus de destinations par vols directs ou avec des liaisons via des partenariats stratégiques avec des «hubs» et autres liaisons pertinentes avec le ferroviaire et la route.
«Toulouse est au cœur du monde, dira Claude Terrazzoni, on peut faire le tour du monde depuis Toulouse»
Avec le développement annoncé des liaisons interrégionales «au cœur de l’Europe des Régions» Toulouse qui brigue déjà le statut de capitale de l’Europe du Sud face à d’autres concurrents régionaux et espagnols, souhaite prendre part à la bataille… et se doter des bonnes armes.
Avec une croissance de près de 10% par an de son trafic passager, les hypothèses font valoir une saturation de l’aéroport de Blagnac à l’horizon de 20 à 25 ans à 15 millions de passagers annuels.
Les études passées ont mis en avant 5 sites dont celui de Francazal. Cependant chacun des sites a rencontré l’opposition des collectivités locales tout autant que des populations et se sont depuis urbanisées, notamment celui de Montauban.
Le site de Francazal, déjà utilisé aujourd’hui pour des opérations météorologiques et militaires, n’est pas voué à l’aviation commerciale civile.
Reste le site de Mazères, le seul pour qui les autorités locales se sont mobilisées et ont fait acte de candidature.
Le seul aussi à être situé au sud de Toulouse et qui suscite tant d’espoirs auprès des milieux d’affaires ariégeois mais pas seulement, civils et touristiques également.
Qui plus est, situé à une quarantaine de kilomètres de Toulouse, organiser l’acheminement et le parking jusqu’au site pourra s’étudier sans difficultés, sous réserve d’avoir les maîtrises foncières. Chose que le SCOT en cours d’élaboration devrait autoriser.
Aussi, cette AG aura surtout permis de confirmer l’engagement de parties concernées en faveur de ce projet, comme en attestent les convictions partagées par Roger Sicre (Vice-président du Conseil Général) et Marc Sanchez (Maire de Lavelanet).
L’ANATAP reste sur le qui vive prête à monter au créneau dès que le dossier remontera dans la pile de ceux qui s’accumulent dans les bureaux ministériels.
La bataille du ciel localement n’est pas encore engagée, la hache de guerre n’est pas ouvertement déterrée, mais nul doute que lorsque la question d’un nouvel aéroport en lieu et place de celui de Blagnac deviendra prégnante, d’autres sites portés par d’autres collectivités se réveilleront alors et la bataille, face à toutes sortes d’oppositions, celles des écologistes en premier lieu, redoublera, plus frontalement.
Pour l’heure, le consortium, en faveur du site de Mazères, imaginé entre les collectivités locales, l’aéroport de Toulouse, la CCI et leur partenaire privé (Vinci, en l’occurrence, l’un des opérateurs majeurs du secteur), ronge son frein et est prié de remiser son dossier en attendant le jour meilleur, ou il faudra l’extraire, dépoussiéré, de la pile.