Et maintenant ?

La presse se fait l’écho de l’attribution de la gestion de Francazal au groupe SNC Lavalin.

Nos prévisions les plus pessimistes, qui nous valaient les critiques des Élus, sont malheureusement en train de se réaliser : on donne les clefs de Francazal à un groupe Québécois qui va en faire le 2ème aéroport du Grand Toulouse.

Lire l’article paru dans ObjectifNews.com le 15/12/2010.

Le Québécois SNC Lavalin désigné pour exploiter Francazal, inquiétudes chez les élus

le 15.12.2010 à 17h39 – ObjectifNews.com

Le nouvel exploitant de l’aérodrome de Francazal a été désigné mardi 14 décembre par le directeur général de l’Aviation civile. La filiale française du groupe québécois SNC Lavalin l’a emporté face à l’offre de l’aéroport Toulouse Blagnac. Un choix qui présente selon la préfecture de la Haute-Garonne « toutes les garanties nécessaires au respect des règles européennes en matière de droit de la concurrence ». Les élus craignent que SNC s’intéresse aussi au fret, au low cost ou aux vols de nuit.

Si l’offre de la SNC Lavalin pour l’exploitation de l’aérodrome de Francazal a été choisie c’est, selon la préfecture de la Haute-Garonne, en raison de « l’absence de demande de subvention, du contenu des prestations de service offertes aux utilisateurs aéronautiques, et des choix opérés pour amorcer favorablement le processus de transformation de cette plate-forme militaire en un aérodrome d’aviation d’affaires et de soutien industriel ». La SNC Lavalin exploite huit plateformes en France dont les aéroports de Lourdes et de Tarbes. La majorité d’entre elles est consacrée à l’aviation d’affaires. Le communiqué de presse envoyé par les services de l’État revendique par ailleurs la conformité de l’offre de la SNC Lavalin au projet de reconversion établi en amont de la désignation.

Un choix que regrette pourtant Pierre Cohen, président du Grand Toulouse : « C’est avec surprise et incompréhension que j’apprends la décision de l’État de retenir le projet porté par la société canadienne Lavalin pour la gestion d’exploitation de Francazal. En effet, ce choix me semble très éloigné du projet de reconversion autour de l’aéronautique pourtant envisagé en totale concertation avec l’État. Nous regrettons cette solution et le projet commercial qui pourrait s’y rattacher. » Claude Raynal, maire de Tournefeuille et vice-président du Grand Toulouse, s’inquiète également des objectifs poursuivis par le groupe canadien : « Ceux prévus par le cahier des charges de l’appel d’offres ne me semblent pas susceptibles d’intéresser une entreprise de cette sorte. Nous allons devoir vérifier que les projets de la SNC Lavalin se limitent bien à ce qui a été décidé, à l’exclusion du fret, du low-cost et des vols de jour. » En clair, que SNC, acteur majeur, ne veuille pas se restreindre au cahier des charges imposé.

« Illogique »

La décision prise par les services de l’État est qualifiée d’« illogique » par Philippe Guérin, maire de Cugnaux et président de la commission déplacement et transport du Grand Toulouse : « Il aurait été plus simple de faire appel à l’opérateur local qu’est l’aéroport de Toulouse Blagnac. Je n’ai rien contre les Canadiens, mais il me semble plus intéressant d’avoir une synergie entre Blagnac et Francazal ».

« Après, nous ne sommes pas sur une opération à 30 ans, les choses peuvent encore changer » note Philippe Guérin. La SNC Lavalin devrait en effet exploiter l’aérodrome pour une durée d’un an, reconductible au maximum d’une année supplémentaire (par tranche de 6 mois). L’aéroport de Toulouse Blagnac pourra donc se positionner sur le second appel d’offres qui désignera l’opérateur « pérenne » qui bénéficiera d’une concession de plusieurs décennies et percevra des redevances sur les mouvements d’avions et l’occupation des locaux.

Pierre Cohen, tout comme Philippe Guérin et Claude Raynal, se sont engagés à rester « vigilants » sur les suites de cette affaire et notamment le respect des engagements pris pour la réhabilitation de Francazal. « Je demanderai dans les meilleurs délais au ministre des explications sur cette décision », a par ailleurs annoncé le président du Grand Toulouse.
 
Sollicité, l’aéroport de Toulouse Blagnac n’a pas souhaité s’exprimer sur le choix de son concurrent pour exploiter l’aérodrome de Francazal.

« La proposition de SNC était meilleure »

De son côté Dominique Bur, préfet de Région, s’est employé à rassurer tout au long de cette journée : « Il y a eu une procédure d’appel à candidature au niveau national, deux dossiers s’affrontaient, principalement sur trois critères : l’équilibre économique et financier du projet ; la qualité des prestations ; le respect de l’échéancier. Les deux structures ont été entendues, la Commission nationale a estimé que la proposition de SNC Lavalin, qui rappelons-le a une filiale française, était meilleure sur les trois points. » Citant à l’appui que « Aéroport de Toulouse Blagnac demandait au départ une subvention de 200 000 € pour remplir la première condition, même si elle y a ensuite renoncé. Ce n’était pas le cas de SNC. »

Quant aux projets de la société québécoise, Dominique Bur repousse clairement les inquiétudes des élus portant sur les ambitions que pourrait avoir SNC : « Cette société gère huit petits aéroports tels que Tours, Lourdes, Vannes… Ce ne sont pas des hubs ! Il n’est pas question de faire de Francazal un 2e aéroport pour Toulouse. » Et le fret, le low cost, les vols de nuit ? « L’Etat reste propriétaire des terrains et conserve le pouvoir réglementaire : il y a donc des garanties. La piste ne peut pas recevoir de gros porteurs, quant aux vols de nuit ils n’ont jamais été exclus de l’appel d’offre contrairement à ce que l’on a pu entendre, même si à ma connaissance ils ne sont pas prévus. » Admettant ne pas avoir lu dans le détail les deux dossiers en lice, « examinés à Paris » et « longs de plus de 150 pages », le préfet martèle encore une fois : « L’opérateur ne pourra pas aller au-delà du cadre défini par l’Etat dans le cahier des charges. »

Marie Grivot (avec Mikaël Lozano)

1 commentaire sur “Et maintenant ?”

  1. La collusion du lancement de l’enquéte d’utilité publique du SCOT du Grand Toulouse avec l’annonce du choix de la multinationale SNC Lavalin pour Francazal est vraiment savoureuse !
    Ces deux événements sont symptomatique de l’incurie des élus de l’agglomération :

    § Sur la reconversion de Francazal,, à part les élus verts aucun élu ne s’est opposé à l’état sur sa démarche de création d’un deuxième aéroport à Toulouse. Les petits arrangements entre quelques élus de la CUGT (Cohen, Raynal, Keller) et le préfet sont balayés par le choix de SNC Lavalin. Il est un peu tard messieurs Cohen, Guerin,.. pour être surpris ou regretter cette décision. A ne rien décider, les autres le font pour vous. Les perdants sont les citoyens de l’agglo (nuisances sonores augmentées, pollution,…).
    § La non préemption des 200h de Francazal par le SCOT pour créer un véritable éco-quartier (mariant habitats, activités, espaces publics, zones vertes ?..) à 10 mn du Capitole est une faute grave que paieront sévèrement nos enfants. Vous n’arrêtez pas de pleurez sur le manque de foncier disponible. Mais quand vous avez 200h à proximité du métro, que le futur TCSP de la VCSM arrivera à Francazal, alors que l’A64 est à quelques centaines de mètres, vous n’êtes pas capable de saisir cette occasion unique !

    Il est temps maintenant de vous ressaisir et si l’état est toujours propriétaire de Francazal et en mesure de louer à qui il veut, vous avez les moyens réglementaires de faire en sorte que cette reconversion aéronautique provisoire soit un fiasco.

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