Francazal, 75 ans, ferme ses portes

La Dépêche du midi du 01/09/2009

Publié le 01/09/2009 08:28 – Modifié le 01/09/2009 à 11:44 | Jean-Marie Decorse Jean-Michel Lamotte

Défense. Clouée au sol par la réforme des armées, la base rend son drapeau.

L'adieu à Francazal

L'adieu à Francazal
DDM

Le 14 juillet 1935, sur les Champs-Élysées, Albert Lebrun remettait le drapeau à la garde du commandant Escudier, le commandant de la toute première base aérienne de l’armée de l’air. Francazal pouvait voler officiellement aux couleurs militaires. Ce mardi 1er septembre, ce drapeau va être rendu au Service historique de la Défense. Une page qui se tourne définitivement, tout comme, voilà 25 ans, une autre base abandonnait au causse de Rocamadour ses hectares de bâtiment, chassant du même coup des familles implantées depuis les années cinquante (lire par ailleurs). L’histoire se répète et Francazal, qui espérait sortir grandie de la réforme de la Défense en devenant une base interarmées, reste définitivement clouée au sol. Sur place, il ne reste plus que 450 personnes dont 300 affectées à l’escadron de soutien technique spécialisé et 150 pour assurer le fonctionnement : cuisine, gardiennage… Avant qu’on referme définitivement les grilles dans le courant de l’année 2010.

L’ouvrage écrit sous la direction du commandant de la base Denis Lemeur, et que vient d’éditer Privat, renvoie à la singulière épopée de ce terrain militaire situé à la croisée des communes de Toulouse, Cugnaux et Portet. Francazal est bien le premier terrain d’aviation de Toulouse, où Dewoitine faisait ses essais en vol, où s’installe la jeune compagnie Air France après Montaudran, où un capitaine dénommé Saint-Exupéry animait des stages de transformation sur Potez à l’usage de jeunes officiers. Francazal marque finalement chaque famille, des pistonnés qui avaient la chance d’y faire leur service à ceux qui ont fait leur classe au groupement école, des mécanos aux pilotes… Sans oublier que cette base 101 servait de terrain d’envol aux régiments stationnés dans le Grand Sud envoyés sur tous les théâtres d’opération.

La cérémonie (sur invitation) marquant la dissolution sera présidée cet après-midi par Joël Martel, général major de l’armée de l’air. Après la prise d’armes et la restitution du drapeau, un défilé des troupes au sol et une présentation aérienne d’avions de transport tactique mettront fin à cette cérémonie. Cette journée sera également l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont marqué l’histoire de Francazal et aux 41 commandants de base qui s’y sont succédé.

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Interview de Philippe guérin, maire de cugnaux.

« Nous sommes dans le flou concernant l’avenir du site »

Les 290 hectares clôturés de Francazal sont aux deux tiers sur la commune de Cugnaux. Comment réagissent vos administrés à son départ ?

Il y a beaucoup d’émotion, mais aussi des inquiétudes par rapport au devenir du site. L’incertitude fait naître des fantasmes. On entend parler de tout et n’importe quoi : du fret aérien, alors que c’est techniquement impossible, la piste étant trop courte ; d’une aire pour accueillir les gens du voyage, et même d’un déménagement de l’université du Mirail. Quand les militaires seront partis (en septembre 2010), la question du gardiennage du site se posera aussi.

En dehors de ces rumeurs, quelles sont les autres pistes ?

Le cabinet d’urbanisme mandaté par l’État <I>(propriétaire du site, N.D.L.R.)</I> évoque soit une activité en rapport avec l’aéronautique, soit la construction de 40 000 logements. On ne sait pas trop où on va. Mais les conclusions du cabinet devraient être rendues à la fin de l’année.

Et vous, que souhaiteriez-vous sur le site ?

Il faut qu’il y ait une activité économique plutôt que des logements, car un habitant supplémentaire entraîne plus de dépenses que de recettes. Cela devra se faire dans le respect des normes, et sans nuisance pour la ville, en concertation avec les élus de Portet et des communautés du Muretain et du Grand Toulouse.

Le départ des quelque 600 militaires induira-t-il un gros manque à gagner pour l’économie de la ville ?

On estime à 40 millions d’euros l’impact économique de la base sur Cugnaux et l’ensemble de l’agglomération toulousaine. Donc l’opération n’est pas neutre pour la ville.

Craignez-vous de perdre beaucoup d’habitants ?

L’impact de ces départs sera compensé par le dynamisme démographique qui existe dans la commune et dans l’agglomération. Nous ne sommes pas du tout dans la situation des villes qui perdent leur régiment dans l’Est de la France, par exemple.

Avec la fin des nuisances sonores dues aux rotations, le prix des terrains va-t-il s’envoler autour de la base ?

Les nuisances ont déjà baissé, et la zone est déjà très urbanisée. Je ne crois pas à un envol des prix.

Recueilli par C.D.

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