Epais brouillard sur Francazal

L’absence de transparence, l’annulation des réunions en Préfecture alimentent les rumeurs.

Le site de Francazal, hier abandonné par l’Armée, aujourd’hui livré aux plus influents ?

Des rumeurs persistantes et concordantes

Depuis le 15 mars, au lendemain du premier tour des élections régionales, des informations concordantes sur le devenir de Francazal nous sont parvenues, comme obéissant au signal d’un ordonnateur caché.

Première information, en provenance de la mairie d’une commune touchée par le plan d’exposition au bruit de Francazal : la piste serait conservée pour l’aviation d’affaires, la maintenance, les hélicoptères de la gendarmerie et l’avion de la Météo. Mais surtout, une compagnie de fret aérien, basée à Orly, serait intéressée par Francazal à condition que les horaires soient assez souples.

Autre d’information, recueillie par une adhérente auprès du personnel de la base : la décision de conserver la piste est prise et l’acquisition de terrains en contrebas de la piste, en direction de Portet, est déjà engagée.

On a pu entendre aussi que, au lieu de deux scénarios contrastés, le comité de pilotage n’aurait plus qu’un seul scénario à examiner : le maintien en activité de la piste. Ou même, qu’on risquait de rester sur le statu quo, personne n’osant prendre de décision.

Là dessus, La Dépêche du Midi, dans son édition du 24 mars, nous livre l’explication du silence sur l’avancement du dossier : « Les échéances électorales ont retardé toute communication sur un sujet qui prête à controverses où, ni l’armée tenue à sa réserve, ni les collectivités, ne veulent s’exprimer. ».  De quoi se poser des questions.

Mieux encore, dans le même article, le journaliste – bien informé ou doté du pouvoir décisionnaire ? –  fait le point sur le dossier : « Sans doute s’achemine-t-on vers une structure dédiée à l’aviation d’affaires avec 40 hectares consacrés à des activités tertiaires. Il s’agit aussi de conserver le bâti existant à des fins civiles pour la maintenance et le parcage avion et hélico. La Direction de l’aviation civile (DAC Sud) travaille dans ce sens. L’État, propriétaire des terrains, par ailleurs actionnaire majoritaire dans le capital de la Société anonyme Toulouse-Blagnac (gestionnaire de l’aéroport), a son mot à dire. Il est le seul capable d’assurer l’exploitation de Francazal. Quoi qu’il en soit, il faudra tenir compte de deux réalités. La première a trait au niveau de pollution du site comme tous les terrains industrialisés autour de Toulouse. Transformer cette emprise de 200 ha en zone d’habitat est impossible sauf à consentir des frais de dépollution sans commune mesure avec le prix du m2 actuel. De même, la présence d’un régiment parachutiste tout proche oblige à conserver la piste de projection de Francazal. L’aéroport de Blagnac saturé n’est pas en mesure d’absorber en plus cette activité militaire. ».

On est un peu surpris par certaines affirmations approximatives. Le prix de la dépollution serait sans aucune commune mesure avec le prix du m2. En quoi consiste cette dépollution ? Son coût a-t-il été estimé ? Si c’est le cas, pourquoi ne pas le publier ?

On rappelle que, pour le prix du terrain, on avait évoqué la somme de 200 millions d’euros.

Autre affirmation : Blagnac n’est pas en mesure d’absorber l’activité militaire. C’est pourtant déjà fait.

Le Collectif Francazal réduit aux conjectures

Le Collectif s’est fixé pour règle de vérifier les informations qu’il diffuse et d’étayer les hypothèses qu’il avance.

Aussi avons nous tardé à faire état d’informations qui paraissent sérieuses mais qui ne sont ni officielles, ni recoupées.

Avant de le faire, nous avons tenté d’obtenir des informations fiables auprès de la source la plus autorisée, c’est à dire auprès du Préfet qui préside le Comité de Pilotage. Nous lui avons demandé une audience le 24 mars. A ce jour, nous n’avons pas de réponse.

La reconversion de Francazal se trame entre initiés.

Dans un précédent article, nous faisions état des réfutations que nous avons apportées aux arguments et aux projets des responsables de la reconversion (Directeur de la DGAC, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, Préfet, Maire de Cugnaux, Maire de Blagnac, Président du Directoire de l’Aéroport de Blagnac). Aucun n’a daigné nous répondre : mépris des citoyens ou incapacité de fournir des justifications ?

Depuis nous avons interrogé aussi le président d’Airbus, pour lui demander de nous expliquer en quoi le maintien de la plateforme de Francazal était indispensable au maintien d’Airbus à Toulouse. Pas de réponse non plus. (Cliquer ici pour voir la lettre adressée à Airbus).

Après cela, il ne faudra pas s’étonner si le Collectif Francazal radicalise ses interpellations et ses actions.

12 commentaires “Epais brouillard sur Francazal”

  1. La décision de prolonger l’activité aérienne est prise. L’annonce sera faite, je pense, ce mois d’avril.
    La façon cavalière d’organiser les débats me pousse à faire les commentaires suivants :
    -La perenité de l’activité aérienne dépend premièrement de la continuité de l’offre de services aériens. L’Armée de l’Air se retire officiellement le 31/08/2010. Qui prendra en charge les services de la circulation aérienne ? Il est à prévoir qu’une entente avec Blagnac et donc une convention soit (déjà ou ) en cours de signature.
    Un trou dans la gestion de l’activité aéronautique entrainerait la perte de l’activité aéronautique. On comprend que la transition soit un élément capital.
    -Le coût des travaux liés à la dépollution (un dossier existe déjà concernant le champ du Tucaud) concerne essentiellement les éléments explosifs pouvant demeurer depuis la dernière guerre mondiale. Elle concerne également les éléments de construction obsolètes (amiante sous le revêtement de sol de l’ex batiment CIET).
    Il faudra réaliser des travaux de rénovation du parking, des voies de circulation, de la piste qui sont des élément forts dégradé qui ne respectent plus les normes (ACN , PCN).
    Ensuite, il faut pousser à la réalisation d’une enquête publique médiatisée et transparente.
    suite au prochain numéro………….

  2. Merci « Tolosan ».

    Votre commentaire et les affirmations qu’il contient illustrent parfaitement notre article.

    A un détail près : dans votre cas, nous ne savons pas d’où proviennent vos informations si précises.

    Si ce que vous dites est vrai, ce n’est pas seulement un épais brouillard qui recouvre Francazal, c’est une chape de plomb et c’est un vrai scandale.

  3. Avant tout, suite au dernier message que j’avais laissé ici, je ne fais parti d’aucun parti politique.
    Je me réjouis simplement de voir l’activité aéronautique continuer.

    Par ailleurs, je pense que peu de monde ici avait pris conscience du coût qu’aurait représenté un investissement au niveau des routes d’accès au projet d’éco quartier… Il n’y a qu’à voir les difficultés de circulation le matin et soir (Par exemple Saint Simon) pour comprendre que ce projet ne tenait pas debout.
    Puis, en habitant près d’un aérodrome, il ne faut peut-être pas s’indigner du bruit causé par les avions non ??

  4. Cher John,

    Ne vous réjouissez pas trop vite : l’activité aéroportuaire n’est pas encore relancée :

    1/ Nous sommes dans un pays démocratique où certaines décisions se prennent dans le cadre de procédures. C’est le cas pour la reconversion de Francazal : la MRAI doit vendre le terrain, et le Préfet, représentant de l’Etat doit décider de sa destination en accord avec les collectivités locales.

    2/ Même si la décision d’installer un aéroport civil sur la base militaire désaffectée était annoncée, il n’est pas dit qu’elle serait suivie d’effet : c’est compter sans la résistance de la population qui usera de toutes les voies légales et de tous les moyens de pression pour l’empêcher.  C’est aussi faire fi de la difficulté et le la fragilité du projet, à moins que la piste ne soit dédiée à toutes les activités génératrices de nuisances dont on ne veut pas ailleurs.

    Enfin, laissez-moi vous dire, au nom de tous les riverains qui ont enduré sans se plaindre la présence de Francazal, que votre dernière phrase est particulièrement cynique et consternante : serait-il donc juste, selon vous, de perpétuer les nuisances qui touchent un territoire sous le prétexte qu’elles existent depuis longtemps ? Est-il interdit d’espérer une amélioration du cadre de vie dans ce territoire ?
    Est-ce votre conception du progrès ?
    Nous ne la partageons pas.

  5. La message de Tolosan est effectivement très intriguant : comment se fait-il qu’il y ait des personnes aussi bien au courant du dossier, quand les 2500 signataires de la pétition sont tenus à l’écart de ces infos ?
    Il est très intéressant en ce qu’il montre la faiblesse, une fois de plus, d’un des arguments-fétiche du lobby aéronautique : le soi-disant coût de dépollution. Tolosan nous apprend qu’en réalité, même si Francazal reste un aéroport, il y aura également un coût très important de dépollution et de mise aux normes.
    Sur la question des embouteillages actuels, je ne vois pas pourquoi une activité aéroportuaire en génèrerait moins que de l’habitat. C’est donc un mauvais argument de plus.
    PS : pour John, qui reprend à son compte tous les arguments du lobby :
    Bonjour John
    Vous n’êtes donc pas un homme politique et, d’après vos propos, vous cherchez un emploi.
    Je vous conseille donc de contacter P. Aubin pour voir s’il n’aurait pas une place pour vous dans son équipe, car une telle convergence de vues et de mots est rare, et il serait dommage de ne pas la mettre à profit :
    Patrick Aubin dans l’article « l’avenir de Francazal divise » de la Dépêche du 30/12/2009 :
    « Qu’un certain nombre d’habitants résidant dans la zone de nuisances de Francazal veuillent voir l’activité aéronautique disparaître… »
    John dans « Epais brouillard sur Francazal » : « Je me réjouis simplement de voir l’activité aéronautique continuer »
    Patrick Aubin (idem) : En effet, alors que l’aéroport de Francazal existe depuis près de 90 ans, peu de personnes sont aujourd’hui en mesure de dire : « Je ne savais pas qu’il y avait un aéroport ».
    John dans « Epais brouillard sur Francazal » : « Puis, en habitant près d’un aérodrome, il ne faut peut-être pas s’indigner du bruit causé par les avions non ?? »
    Patrick Aubin (idem) : « Je dénonce cette campagne d’intoxication et de dénigrement sur l’aviation civile. L’intérêt général est de répondre à la création d’emplois durables ».
    John dans « La position des candidats à la présidence de Région » : « Je suis donc pour la création d’un aéroport civil, d’autant plus que des emplois pourraient être crées dont le mien »

  6. Les informations que j’ai donné sont fiables, mais je reste muet quand aux sources. Il ne s’agit que d’informations qui peuvent vous aider à définir une stratégie……
    Intervenir suivant le point de vue d’un contribuable est intéressant : il y avait à Francazal une activité aéronautique militaire non nuisible mais soutenue financièrement par l’impôt (Loi de finance,…). Le ministère de la Défense vend ce site (non rentabilité globale, pollution sonore, ..) et souhaite récupérer l’argent pour sa pomme (utopie). Les procédures, livraison du site et accompagnement sont à la charge de l’état donc du contribuable.
    D’un autre côté, la reprise du site vers la poursuite d’une activité aéronautique civile et commerciale entraine un accroissement de l’action de la DGAC, de la DDE (STBA) donc de l’état (contribuable).
    Le s 200 Millions d’euros du prix de vente seront donc payés par le s impôts ainsi que la remise en état des infrastructures (double peine).
    Rentabilité de l’affaire ? serait-il intéressant de demander au lmaire de Cugnaux, à titre de provision, de mettre la main à la poche pour financer le rachat et les investissements futurs ?
    Création d’un aéroport civil et commercial dans une zone fortement urbanisée implique nuisances sonores inadmissibles (biturboprop, bi et tri réacteurs de jour comme de nuit) sauf si les riverains directement impliqués (cela exclu le maire de Blagnac) signent personnellement une décharge.
    Création d’emploi déguisée, car les personnels viendront en dégraissement des institutions existantes sur d’autres sites non rentables.
    Bref, ce projet est illogique; cependant cherchez à qui profite le crime ……………….

  7. Pour comprendre les enjeux relatifs au projet de reconversion de francazal en aérodrome d’affaires et apprécier tout le cynisme qui se cache derrière un tel projet, il peut être utile de se référer à la distinction opérée par les économistes entre un bien public et un bien privé. Pour simplifier : un bien public peut être à l’origine de la production d’un service bénéficiant à l’ensemble de la collectivité nationale. La base aérienne de francazal était censée assurer (je prends des précaution pour ménager les susceptibilités) une telle mission d’intérêt général : protéger l’ensemble des citoyens en cas d’agression extérieure, etc. Certes la production de ce service pouvait s’accompagner de quelques nuisances (le bruit subi par les habitants résidant à proximité). Cependant, il pouvait paraître « normal » que quelques milliers d’habitants supportent de telles nuisances dans la mesure où la base était utile à plusieurs millions de concitoyens.
    Ce qui était vrai pour la base militaire ne le serait plus pour un aérodrome d’affaires. Reconvertir francazal en aérodrome d’affaires reviendrait en effet à transformer un bien public en un bien privé. Un bien privé permet à son propriétaire de capter tous les bénéfices liés à son exploitation. Qui bénéficierait de l’utilisation de l’aérodrome d’affaires : la collectivité ou quelques particuliers (hommes d’affaires et touristes ?
    En cela, le projet de reconversion est un véritable jeu de dupes. Non seulement les retombées sociales et économiques du fonctionnement d’un aérodrome d’affaires seraient quasiment nulles, mais plus encore toutes les nuisances : sonores, d’encombrement, etc. seraient supportées par la collectivité.
    A mon sens, c’est là que réside tout le scandale d’une telle décision publique si elle venait à être prise. C’est aussi là que repose tout le bienfondé et la légitimité d’une action collective visant à lutter contre le projet de reconversion que quelques personnes tentent d’imposer.

  8. Bien vu « un économiste dans la cité ».
    Autre piste : pourquoi ne pas reporter le projet de la DGAC de Blagnac sur l’aérodrome de Muret ?
    Au vu des paramètres du dossier sur Francazal, tous les argumentaires sont au vert sur Muret-Lherm : pas d’urbanisation proche, pas de nuisances, pas de surcoûts infra. La piste peut être rallongée sans nuire aux populations locales.
    Mais pourquoi n’y a t-on pas pensé ???

  9. Tolosan écrit :

    « Autre piste (sic) : pourquoi ne pas reporter le projet de la DGAC de Blagnac sur l’aérodrome de Muret ?
    […]
    Mais pourquoi n’y a t-on pas pensé ??? »

    On y a bien pensé et la DGAC y a pensé bien avant nous : c’est la solution n°2 (écartée) d’une étude publiée en 2003.

    Or cette solution a été écartée parce qu’il aurait été trop pénalisant, du point de vue des nuisances sonores, d’avoir deux plateformes majeures en zones urbanisées (Blagnac et Muret).

    Cette conclusion nous paraissait sage, et nous pensions, en la rappelant à leurs auteurs qu’ils conviendraient que la solution de Francazal étaient bien pire.

    C’est ainsi que nous avons tenté de rafraichir la mémoire du Directeur de la DSAC Sud. (Voir la lettre que nous lui avons adressée). Comme tous les autres décideurs, il n’a pas daigné nous répondre. Sans doute est-il difficile d’expliquer  pourquoi la vérité d’hier ne vaut plus aujourd’hui et comment, bien qu’étant rattaché au Ministère de l’Ecologie, etc, on trouve des petits arrangements avec le développement durable, en rayant de ses principes la composante environnementale.

    Il faudra pourtant rendre des comptes.

    En définitive, on peut se demander si on ne s’est pas trompé sur la problématique, car si on recherche une deuxième plateforme proche de Toulouse, dès lors que l’idée d’un nouvel aéroport est abandonnée, on pense immédiatement à Muret – Le Lherm plutôt qu’à Francazal.
    Mais si la question est seulement : « qu’est-ce qu’on pourrait bien faire de Francazal ? », et que l’on constate le peu d’ambition et d’enthousiasme de la part de tous les acteurs (administrations et collectivités locales), on se laisse aller vers la solution de facilité au mépris de la population. Et l’on gâche ainsi la chance unique de disposer d’une telle zone aux portes de Toulouse.

  10. Je veux simplement reposer une question avant de décider d’un nouvel aéroport à Francazal ou ailleurs : en a-t-on besoin ? En 2018 ou 2020 (date à laquelle le nouvel aéroport ne sera surement toujours pas en service) sera inaugurée la ligne de TGV Toulouse – Paris (3h 10 environ). Et pourquoi pas une autre ligne Toulouse – Marseille qui mettrait aussi Lyon à un temps de voyage acceptable par le train ?
    Pour confirmer ce qui est dit par une autre personne, aujourd’hui le 1er RTP s’est installé dans un hangar en bout de piste de Blagnac et utilise autant que de besoin les pistes de Blagnac.

    Claude

  11. Pour parler de la nuisance j’emploierais le terme de pollution sonore GRAVE. Habitant sous le couloir aérien de Francazal je peux vous dire que la gêne est bien présente. De plus les transalls qui passaient étaient avec un moteur à hélice, je n’ose même pas imaginer la conséquence avec des avions avec des moteurs à réaction : je pense que le nombre de décibels doit tripler.

    PS : j’inviterais john pour un apéro un samedi en fin d’après midi pour qu’il constate la gêne.

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