Blagnac, l’aéroport le plus enclavé de France n’est pas à l’abri d’un crash majeur

danger-avion-220.jpgArticle paru dans la Dépêche du Midi du 12/10/2012.

Suite au dramatique accident survenu à l’aéroport de Toulouse Blagnac, cet article pertinent donne un coup de projecteur sur le risque induit par la présence d’un aéroport au sein d’une agglomération. On ne peut que l’approuver et on se prend à regretter que le quotidien régional n’ait pas fait la même analyse au moment du choix de la « solution aéronautique » pour la reconversion de Francazal.

Publié le 12/10/2012 07:51 – Modifié le 12/10/2012 à 10:04

Près de la moitié des avions qui décollent ou atterrissent à Blagnac survolent à basse altitude les quartiers les plus peuplés de la ville. L’accident de mercredi rappelle que le risque zéro n’existe pas ni à Toulouse ni ailleurs.

Le crash d’un avion de tourisme dans lequel deux personnes ont trouvé la mort, mercredi , rappelle aux habitants de l’agglomération toulousaine qu’ils vivent à proximité, et pour 120 000 d’entre eux, directement sous la zone d’approche et de décollage d’un des deux aéroports français les plus étroitement imbriqués dans une zone urbanisée.

Proche de la situation d’Orly où les vols de nuit sont désormais interdits, mais bien devant Nice où les avions en difficulté peuvent se dérouter vers la Méditerranée, l’aéroport de Toulouse Blagnac est une plateforme qui ne peut se permettre aucune erreur. Selon des chiffres édités par «Témoin», le bulletin d’information du service environnement de l’aéroport, 47 % des avions qui ont décollé ou atterri entre octobre et décembre 2011 à Toulouse ont survolé a basse altitude les quartiers très peuplés de Purpan, Papus, Bagatelle, la Faourette, Pouvourville avant ou après avoir viré de bord au-dessus de l’Oncopôle et de la zone chimique.

Le survol d’un hôpital, de cliniques, de 27 écoles

Selon le collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine (CCNAAT), 27 établissements scolaires, mais également l’hôpital Purpan, les cliniques Ambroise Paré et Pasteur, l’Oncopôle et une cinquantaine d’établissements recevant du public sont survolés près d’un jour sur deux par 270 avions en phase de décollage ou d’atterrissage.

Ce trafic au-dessus de la ville représente -t-il un danger pour les habitants ? L’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) estime le risque d’accident aérien à un pour un million de vols. Au rythme actuel de 96 820 rotations par an, Toulouse serait donc statistiquement menacé d’un accident tous les 11 ans. Mais sur la plateforme blagnacaise, le trafic aéroportuaire qui cohabite avec les vols d’essais des Airbus bouscule la statistique. Le 30 juin 1994, les trois membres de l’équipage d’un Airbus A 330 et leurs quatre accompagnateurs, sont tués lors d’un vol d’essais lorsque l’avion s’écrase 33 secondes après avoir décollé. Hormis la série noire des 15 et 21 novembre 2007 où six personnes ont été légèrement blessées lors de l’atterrissage forcé d’un A330 neuf qui effectuait un vol d’acceptance avant d’être livré, puis lorsqu’une semaine plus tard, un A 340-600 s’est coupé en deux en percutant un mur anti bruit à Saint-Martin du Touch, aucun accident grave n’est survenu jusqu’à fin 2011, et la mort de quatre membres d’une même famille (lire ci-contre). C’est donc le deuxième accident grave en moins d’un an. Pour Chantal Demander, présidente du CCNAAT «en plus des nuisances qu’il occasionne, à court, moyen ou long terme l’aéroport est dangereux, mais le crash du Concorde en 2000 près de l’aéroport de Roissy n’a pas fait décoller le dossier d’un troisième aéroport francilien». De son côté, Jean Michel Vernhes président du directoire de l’aéroport met en garde contre tout amalgame entre «la sécurité de l’aviation commerciale et la problématique d e l’aviation légère». Dans la région, depuis l’abandon en 2006, sous la pression des habitants du nord est toulousain, du projet de deuxième aéroport, et la promesse des élus de ne pas rouvrir le dossier avant une trentaine d’années, l’aéroport le plus enclavé de France dans le tissu urbain a de longues années devant lui.


L’enquête s’annonce longue

L’enquête sur le crash d’un avion de type Rallye survenu mercredi sur les pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac s’annonce longue et délicate. Deux personnes à bord de l’appareil ont été tuées sur le coup. Il s’agit de Philippe Devos, 64 ans, retraité, domicilié à Brousses-Vilaret, dans la Montagne noire et d’un officier du troisième RPIMa de Carcassonne, le capitaine Perois. C’est en opérant un atterrissage d’urgence que l’appareil s’est écrasé. Ce petit avion dont le type de modèle est aussi conçu pour tracter des planeurs, a-t-il rencontré un problème d’ordre mécanique ? C’est ce que tentent de comprendre les enquêteurs de la gendarmerie des transports aériens (GTA) et le bureau enquête analyse (BEA) chargés des investigations. Les débris de l’appareil ont été rassemblés dans un hangar pour y être analysés.

Une phase très sensible

Mercredi, vers 15 heures, le Rallye s’est d’abord posé sur les pistes de l’aéroport. Puis il a redécollé. C’est lors de cette manœuvre que les choses se sont compliquées. «Le décollage est toujours une phase très sensible. Si un problème moteur intervient lors de cette étape, alors que l’avion n’a pas assez d’altitude, il devient très compliqué pour le ou les pilotes de faire reposer l’avion», confie un expert. Le 28 octobre 2011, quatre membres d’une même famille, dont deux enfants, ont perdu la vie après le crash de leur petit appareil, à Blagnac. Six personnes sont donc mortes en moins d’un an dans des accidents d’avion sur le même secteur. F.Ab

B. dv

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